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La question me taraude régulièrement, d’autant qu’elle est souvent posée dans les cours : comment respire-t-on ? Comment améliorer concrètement son souffle sans être contraint par le bon ou le mauvais feeling du moment ?
Les disciplines de la forme et du bien-être fleurissent. Un tri s'impose, car beaucoup remplissent le déjà bien fourni catalogue des images d’Épinal, souvent contra-dictoires ; en fitness, on préconise des abdos solides, il faut gainer… et dans le bien-être, on préconise le lâcher-prise, et quand on préconise le « lâcher-prise », on dit tout mais on ne dit rien.
Le premier point, sur lequel j’insiste depuis pas mal d’années, c’est la fluidité du souffle, alliée à la fluidité du geste, telle qu’on me l’a enseignée en analyse fonctionnelle du mouvement.
Si la question m’était posée, je bannirais donc en prologue les attitudes contraignantes, et en premier tous les exercices qui exercent un contrôle abdominal de type gainage. Des tensions inutiles sont déjà présentes dans le ventre de la plupart d’entre nous ; il semble opportun de chercher une détente dans les lieux de tensions excessives plutôt que d’en rajouter. Au risque de paraître simpliste, il m’a toujours semblé logique de considérer que si le ventre n’a pas d’ossature, c’est pour qu’il soit souple. Malheureusement, souplesse est souvent confondue avec mollesse. Les dictats de la mode nous font de suite envisager l’horreur d’un ventre mou ! Et conduisent beaucoup de celles et ceux qui veulent prendre soin d’eux à entreprendre un blindage abdominal en vue de ces admirables et convoitées tablettes de chocolat.
Oui… et non.
Certes, le ventre travaille lorsqu’on respire librement. Seulement il ne travaille pas seul, mais en synergie avec d’autres muscles et principes.
Ce n’est pas juste de respirer avec le ventre ; cette idée conforte la crainte d’un ventre mou et nous donnerait envie de compenser par un ventre « dur ». Ce n’est ni l’un ni l’autre. Parler de respiration est plus juste, mais reste réducteur…
Ce n’est également pas juste. La cage thoracique joue un rôle important. Elle aussi est fluide. Les gestes du thorax doivent être souples, mais aussi soutenus. Les côtes doivent pouvoir s’ouvrir et se fermer librement, ce qu’elles font souvent mal. Elles doivent travailler en totale synchronie avec notre diaphragme.
C’est vrai, mais beaucoup d'élèves ont une perception inverse du processus. Le diaphragme se contracte et descend à l’inspire et se détend et remonte à l’expire. Si le ventre manque de souplesse par un excès de tonicité, le diaphragme ne peut pas descendre correctement, les côtes auront de la difficulté à s’ouvrir (elles montent, les abdos doivent donc lâcher un peu de lest).
Oui et non, à nouveau. Tout dépend de l'action que l'on mène. Si le principe est interssant, il faut apprendre à rester libre. Si les côtes sont gainés à leur tour pour rester haute, c'est cette fois le diaphgrame qui ne pourra pas remonter à sa place à l'expiration.
A l’expiration, des abdos bien éduqués jouent un rôle freinateur : ils retiennent avec douceur la remontée du diaphragme et surtout la fermeture costale. Là encore, des côtes fermées ou des abdos hyper toniques limiteront ce mouvement. Le diaphragme restera alors en permanence en position trop basse, limitant le travail costal et comprimant les organes en dessous (estomac, viscères…), mais déprogrammant par ricochet le travail costal dû à un affaissement thoracique (porté trop bas, d'où l'importance d'un dos éduqué qui porte la cage thoracique pour qu'elle ne s'appuie pas).
La contre-poussée est tout le système qui évite l’effondrement du thorax à l’expiration, et la remontée brutale du diaphragme (comme un élastique qui casserait). Ce processus est trop complexe pour être expliqué dans un article, et nécessite la démonstration physique d’un praticien.
La contre poussée est un système d'absortion des forces antagonistes. Elle est directement liée au souffle, et est fondamentale pour la posture, la motricité, et tout particulièrement pour les disciplines sportives et artistiques, la voix et les instruments à vent en priorité.
Ce principe est souvent nommé « soutien » du souffle, mais l'enseignement est souvent flou.
Références : la coordination respiratoire, et respect aux pionniers de ce travail, principalement Robin de Haas, Lynn Martin et Carl Stough
Robin de Hass "la voie de la voix"
Bien sûr les techniques ancestrales du pranayama.